DES RATIONS PLUS VERTES

I : Introduction

Depuis longtemps,  nous avons pris l'habitude de faire appel aux aliments concentrés (riches en sucres/amidons) pour satisfaire les besoins de plus en plus importants en énergie de nos compagnons.
Mais le cheval reste avant tout un animal herbivore. Tout son système digestif est adapté pour digérer de l'herbe (fourrages/fibres) de façon quasi constante (15 à 16h par jour) en broutant de petites quantités.
De nombreuses études ont été réalisées à ce sujet et ont démontrées qu'une nourriture trop riche en amidons présente des risques pour la santé et le bien-être du cheval.

                                                    


II : Conséquences d' une alimentations trop riche en amidon et trop pauvre en fibres fibres

Le cheval est un herbivore monogastrique avec un système digestif conçu pour la valorisation des fibres.
Son estomac et son intestin grêle sont de petites tailles. C'est dans l'intestin grêle que les amidons sont dégradés (digérés) grâce à l'activité des enzymes a-amylase.
Son gros intestin lui, par contre, est bien développé. C'est dans le gros intestin que se produit la digestion des fibres.
Ce sont ces caractéristiques qui obligent le cheval, dans la nature, à brouter en petites quantités tout au long de la journée. Nourrir son cheval avec de grosses rations est donc contre nature, surtout si l'apport en fourrage, fournit en complément, est insuffisant et que les périodes de jeûnes sont prolongées.

Dans le cas d'importantes rations riches en énergie, le temps de rétention des aliments dans l'estomac et l'intestin grêle est long, ce qui donne le temps à l'amidon de fermenter en Acides Gras Volatils (AGV) et en lactates, avec comme conséquence une baisse du taux du PH gastrique. Le cheval se retrouve en situation d'acidose, les muqueuses de l'estomac sont alors sujettes à des agressions qui favorisent l'apparition d'ulcères gastriques.

Le manque de fibres dans la ration est un autre facteur de risque dans l'apparition de ces ulcères. Le cheval mastiquant moins, produit moins de salive (substance à PH neutre) pour contre balancer l'acidité liée à la production continue d'acide chlorhydrique dans l'estomac (le cheval ne produit pas de salive lorsqu'il ne mastique pas !).

Une alimentation trop riche en amidon et/ou trop pauvre en fibres peut aussi être à l'origine d'autres troubles digestifs. En effet, il existe une quantité seuil d'amidon que l'intestin grêle peut dégrader efficacement (grâce à l'activité de l'enzyme a-amylase). L'excès de l'amidon non dégradé transite alors dans le gros intestin, spécialisé dans la digestion des fibres et incapable de digérer l'amidon de façon efficace. L'amidon fermente en AGV (Acides Gras Volatils) et en lactate, acidifiant ainsi le gros intestin. Cette acidité nuit à l'équilibre intestinal qui intervient dans la digestion des fibres. Conséquence, perte d'appétit, de poids, apparition de coliques ou encore de fourbures.





Sans oublier les troubles du comportement comme le tic à l'appui, le tic de l'ours etc... lié à l'ennui du cheval dans le box qui n'a rien à manger.

III : Raisonner l'apport du fourrage dans la ration

Jansson et Lindberg ou Ringmarks ont réalisés des tests à base d'un régime 100% enrubanné complémenté d'AMV (aliments minéral vitaminé). il serait possible de satisfaire les besoins élevés d'un cheval athlète uniquement avec du fourrage.
Comment raisonner l'apport du fourrage dans la ration quotidienne de son cheval ?

1. Connaître les besoins de son cheval

  • Les besoins énergétiques de son cheval exprimés en UFC (unités fourragères du cheval). Valeur qui dépend principalement du poids du cheval et de son activité.
  • Les besoins en protéines exprimés en MADC (Matières Azotées Digestibles cheval).
  • Besoins en vitamines et minéraux.
Des références sont disponibles dans les tables INRA 2012.

2. Connaître la qualité de son fourrage

La qualité du fourrage correspond à sa valeur nutritionnelle (teneur en sucre et protéines).
Elle dépend donc du stade de sa récolte, plus l'herbe est jeune, meilleure est sa valeur nutritive.  Elle dépend également de sa composition, les légumineuses par ex. sont des espèces végétales riches en protéines.
Un foin de qualité est également exempt de moisissures et  de plantes toxiques.

La luzerne a un pouvoir tampon et est intéressante pour limiter la baisse du PH gastrique pendant les périodes de jeûne. Elle peut donc contribuer à prévenir les risques d'ulcères gastriques ou au moins en diminuer la gravité. 

Il est donc conseillé de faire réaliser une analyse des divers fourrages à votre disposition pour en connaitre les valeurs nutritives.

3. Déterminer les apports pour être conforme aux besoins du cheval

a. Couvrez les besoins de votre cheval au maximum avec du fourrage.
On préconise une quantité de foin quotidienne minimum comprise entre 1.5 et 2% du poids vif du cheval. Le taux de matière sèche du foin étant souvent aux alentours de 85% et celui de l'herbe de 35%.

La quantité peut donc varier entre 9kg et 15,5 kg de MS/jour/cheval suivant le cheval et le type de fourrage.

Un bon foin à une valeur UFC comprise entre 0,45 et 0,65 et un MADC compris entre 40 et 50. 
Un bon enrubanné peut avoir un UFC > 0,65 et MADC > à 55.

b. Complémentez avec des concentrés si nécessaire
Lorsque, pour des raisons de quantités/qualités, votre fourrage ne couvre pas la totalité des besoins nutritifs, les concentrés peuvent être utilisés en complément. Pour limiter les risques d'apparition de troubles digestifs, ne pas dépasser les valeurs suivantes :
    • < 100 g d'amidons / 100 kg de PV / repas pour limiter les risques d'ulcères gastriques
    • < 200 g d'amidons / 100 kg de PV / repas pour limiter les risques de coliques
c. Eventuellement complémenter avec des AMV (Aliments Minérals Vitaminés)
En effet, lorsque l'on nourrit son cheval uniquement avec du fourrage, le cheval risque d'avoir certaines carences en
minéraux et vitamines. Généralement, on estime que lorsque le cheval reçoit moins de 2 kg d'aliments concentrés par jour, il est recommandé de faire appel à des AMV généralement sous forme de compléments alimentaires souvent nommés "Equilibreur" ou "Balancer".

IV : Conclusions

Lorsque l'on nourrit son cheval, il faut garder à l'esprit le fonctionnement de son système digestif, ne plus penser uniquement "énergie", "protéines" mais également "fibres", "mastiquation","quantité","durée de jeûne". Le fourrage n'est pas seulement capital pour votre cheval mais tout simplement vital.

La qualité de votre fourrage est primordiale, plus ses valeurs nutritives sont élevées, plus on peut diminuer la quantité d'aliments concentrés.  Pour rappel, u
n bon fourrage à un UFC comprise entre 0,45 et 0,65.

N'oubliez pas, l'immunité de votre cheval est liée à la qualité de sa flore intestinale. On dit souvent, chez le cheval, la peau est la prolongation de son intestin !

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